Carte Blanche à … Molène

Le 25 juillet dernier, j’ai eu le plaisir d’être accueilli sur l’île de Molène par M. Didier DELHALLE, Maire depuis 2020, et ses adjoints, Mme Claudie COROLLEUR et M. Vincent PICHON.

Accoster sur une île pour la journée est toujours le gage d’une quiétude retrouvée. C’est encore plus vrai quand l’île est petite par sa superficie, on reprend le bateau après avoir vécu un moment précieux de temps suspendu, avec la ferme intention d’y revenir un peu plus longtemps : on ne découvre vraiment un territoire îlien qu’au départ du dernier bateau.

Cette découverte, on la cerne déjà un peu mieux quand on a l’opportunité, comme je l’ai eu, de rencontrer et d’échanger longuement avec les élus(e)s et les commerçant(e)s de l’île. Vivre sur une île comme celle de Molène est une chance, c’est aussi un sacré défi : au-delà du paysage maritime magnifique, du calme des petites ruelles fleuries et des jardins clos de vieilles pierres, c’est tout un monde de persévérance qui se profile.

Vivre sur une île du bout du monde : un défi et une chance !

Que l’on soit élu ou commerçant, il faut ici se retrousser les manches, été comme hiver, et ne pas compter le temps passé au service de la population molénaise et des visiteurs de passage, ni l’énergie dépensée pour assurer une qualité de vie et tous les services publics indispensables (école, soins médicaux, eau potable, assainissement et déchets, etc.), et préserver l’ouverture de commerces à l’année.

Il faut se serrer les coudes pour permettre à toutes les générations de rester vivre sur l’île, de pouvoir y faire les courses de base, d’aller au café ou au restaurant, d’être aidées pour se déplacer quand la perte d’autonomie est là, de se loger, et pour permettre aussi d’accueillir les centaines de touristes de la saison estivale. Une seule journée ici suffit à entrevoir un esprit solidaire que l’on ne retrouve pas – ou plus – sur le continent.

 

 

 

 

 

 

 

 

« Une chance », souligne Didier DELHALLE, est celle d’adhérer à un EPCI : la Communauté de communes du Pays d’Iroise. Grâce à ce soutien, et à d’autres aides et subventions, les réalisations communales de ces quatre dernières années sont impressionnantes (liste non exhaustive)  :  salle polyvalente,  évacuation des épaves des bateaux, acquisition d’une petite navette, achat d’un ber de manipulation hydraulique 6 tonnes, acquisition de 20 mouillages normalisés, mise en place d’un bloc sanitaire sur l’aire de camping, acquisition et rénovation d’un maison de pêcheur, rénovation du bâtiment SMSN, rénovation partielle de la voierie communale et réalisation d’un chemin bordant la réserve foncière.

D’autres réalisations, et non des moindres, sont en cours d’achèvement : pôle artisanal (brasseur, conserverie, fromagerie, entretien espaces verts), avec plusieurs logements sur la même parcelle (T3, 2 T2, 2 petits studios), raccordement de l’assainissement semi-collectif installé sur le quai, acquisition du bâtiment de l’école des sœurs, bientôt géré par un bailleur social.

Les projets 2025 sont déjà sur les rails : ouverture d’un hôtel-restaurant, accès au public du Sémaphore qui viendra compléter les visites gratuites déjà possibles de la maison de l’environnement, et du musée dédié au naufrage du Drummond Castle le 16 juin 1896. La municipalité espère aussi que les panneaux photovoltaïques en place (66 % d’énergie propre) pourront être mis en service après un accord attendu avec le SDEF 29 ; et que se débloquera aussi le feu vert de l’ARS pour autoriser l’installation définitive d’un Osmoseur, à ce jour opérationnel et permettant de produire 30 M3 d’eau douce par jour.

Dans les cartons de la mairie, se trouve un autre gros dossier encore au stade de la réflexion :  le projet de séchage et d’exportation des algues de l’Archipel molénais, qui ne l’oublions pas, comprend le plus grand champ d’algues d’Europe.

Pour l’équipe municipale, il restera toujours du pain sur la planche, et ce n’est pas un long fleuve tranquille avec d’un côté le frein des lourdeurs administratives encore plus prégnantes sur un petit territoire ilien de 1,2 kms de long et 800 mètres de large, et de l’autre côté, un contexte fiscal contraint : l’île a la particularité d’être exonérée de taxe foncière depuis un décret royal très ancien.

Un autre frein au développement de l’île, et peut-être le principal, est le transport maritime. Une réflexion, qui n’a pas été anticipée, s’avère aujourd’hui indispensable sur les aménagements et les parkings des gares maritime de Brest et du Conquet, : l’accès aux îles peut être compliqué pour les îliens (familles, personnes âgés ou handicapées), et décourageant pour les touristes. Il en va de même du transport des marchandises, une logistique optimisée du fret faciliterait grandement la vie des commerçants, confrontés à des retards de livraison récurrents depuis un an et demi, et quelquefois à la difficulté d’assurer la traçabilité de la chaine de froid les obligeant à refuser la marchandise déposée sur le quai.

Ces six heures passées à Molène m’auront permis de partager un peu le bonheur de vivre ici, mais aussi les difficultés de la vie insulaire, que je ne manquerai pas de relayer au terme de la période estivale, des réflexions sont à mener et je m’y engage.

Avec tous mes remerciements aux élu(e)s, et aux commerçant(e)s de l’île, pour la grande amabilité de leur accueil, et ce moment d’échanges précieux.